Éric me conseillait récemment ne de pas toujours expliciter les acronymes et les abréviations car cela pouvait nuire à l’accessibilité de mes pages. J’ai une grande confiance ses compétences (si, si !) mais j’aimerais néanmoins faire le point sur ce qui est envisageable ou ce qui ne l’est pas.
Commençons par illustrer un peu nos propos avant tout et poser quelques définitions…
Définitions
Abréviation
Une abréviation […] est le raccourcissement d’un mot ou d’un groupe de mots, représentés alors par une lettre ou un groupe de lettres issus de ce mot.
Acronymie
L’acronymie […] est l’abréviation d’un groupe de mots formée par la ou les premières lettres de ces mots dont le résultat, nommé acronyme, se prononce comme un mot normal […].
Exemples
- RATP abréviation de Réseau Autonome de Transports
- RER B abréviation de Réseau Express Régional
- STIF acronyme de Syndicat des Transports d’Île-de-France
- A1 abréviation de Autoroute 1
- infos. routières acronyme de informations routières
Je me sens évidemment transporté… mais comment coder tout ça en HTML ? J’aurais tendance à faire ça actuellement :
<abbr title="Réseau Autonome de Transports">RATP</abbr>
<abbr title="Réseau Express Régional">RER</abbr> B
<acronym title="Syndicat des Transports d’Île-de-France">STIF</acronym>
<abbr title="Autoroute">A</abbr><span class="masquer"> </span>1
<acronym title="informations">infos.</acronym> routières
Éric préconise lui (sous réserve d’avoir bien compris ses propos) :
<abbr>RATP</abbr>
<abbr>RER</abbr> B
<acronym title="Syndicat des Transports d’Île-de-France">STIF</acronym>
<abbr>A</abbr><span class="masquer"> </span>1
<acronym>infos.</acronym> routières
Si dans le langage courant on dit plutôt « RER » que « Réseau Express Régional » cela ne doit pas être explicité. N’expliciter les abréviations et les acronymes que lorsque cela est pertinent pour le lecteur donc.
Pour ma part, je m’interroge sur deux points :
- la richesse de l’information présentée un peu amputée
- et le positionnement du curseur « langage courant » qui peut varier d’un individu à l’autre.
Et l’accessibilité alors ?
J’ai réalisé quelques tests rapides avec Jaws (je découvre un peu l’outil).
Il s’avère que (avec nos exemples) le texte brut (sans balisage) est parfaitement épelé ou prononcé en fonction du contexte (étonnant non ?). En mode par défaut, et avec le balisage, l’effet est exactement le même. Et en mode « verbeux », on obtient alors la restitution de title
.
Je remarque :
- que le point abréviatif provoque une rupture de rythme non désirée
- et qu’on ne peut pas savoir à l’avance si les
title
seront lus ou pas.
Et les pinaillages bonus que tout le monde attend
- Faut-il indiquer par des majuscules les parties des mots qui n’ont pas étés tronqués pour créer l’abréviation (ou l’acronyme) ou pas ?
- Faut-il reporter sur l’abréviation (ou l’acronyme) elle-même les accents ?
Selon-vous ?
<acronym title="Syndicat des Transports d’Île-de-France">STIF</acronym>
<acronym title="syndicat des transports d’Île-de-France">STIF</acronym>
<acronym title="Syndicat des Transports d’Île-de-France">STÎF</acronym>
15 commentaires ↓
Hé bien !
Merci mon cher 20cent pour ce déterrage de sujet polémique ! En accessibilité, c’est un long et vieux débat.
Je me permets de placer ces quelques liens pour compléter ton article :
Notes : C’est surtout RER qui me gênait (mais c’est effectivement transposable à la RATP), parce que une fois étendu les gens ne comprennent plus forcément du premier coup. Autoroute ou informations me gênent moins.
L’idéal serait effectivement de pouvoir tout marquer et en plus signaler lesquels sont à étendre et lesquels non.
Je n’avais pas pensé à la rupture à cause du point dans l’abréviation. Sur ce point là j’aurai tendance à penser que si c’est dans une balise abbr et que le mot suivant ne commence pas par une majuscule, c’est un bug et une erreur de la synthèse vocale que de s’arrêter sur le point d’abréviation.
Sinon effectivement le contexte joue. Si j’écrivais un article complet parlant des transports et de la RATP, j’aurai effectivement promu le premier acronyme avec une balise et un attribut contenant la forme étendue Dans une partie renseignements pratiques ce n’est pas le cas.
Ca rejoint d’ailleurs les usages habituels de l’écrit. Un journal étendra le RER ou le RATP entre parenthèses à la première occurrence (ou étendra et mettra l’acronyme entre parenthèses, au choix) s’il fait un article sur le sujet ou qu’il détaille la chose, mais laissera l’abréviation directe si c’est juste pour signaler qu’il y a un accident sur l’A20.
Contrairement à l’article sur webaccessibilite.fr, je ne fais pas tellement le tri sur la banalité de l’abréviation ou de l’acronyme :
Les M. et Mme peuvent être étendus sans problème même s’ils sont très courants. J’aurai même tendance à dire qu’ils devraient toujours être étendus parce qu’à l’oral on les étends toujours, c’est juste un raccourci d’écriture.
À l’inverse, certains sont toujours utilisés sur leur forme courte, au point que la forme étendue est peu claire et risque plus de perdre les gens que de les aider. RER ou RATP font partie de ceux ci.
Bref, mon point est surtout que le marquage HTML sert aux gens, pas forcément à constituer une grosse base de données informatique. La question est : sachant que certains liront par défaut la forme étendue, est-ce que la signaler aidera en moyenne les gens ou au contraire les pénalisera ?
Je ne suis pas d’accord sur les définitions. En français, RATP est un sigle, STIF un acronyme et infos une apocope, que par abus on qualifie d’abréviation. D’après mon dictionnaire une abréviation se prononce comme ce qu’elle abrège (Mlle se prononce mademoiselle). Évidemment, si l’on parle d’abbreviation et d’acronym, les définitions ne sont pas les mêmes. Notons en passant que l’on devrait écrire R. E. R. mais que l’absence des points est tolérée. Pour pinailler un peu plus, on ne parle jamais de l’autoroute 1 mais de l’autoroute A1 (et de l’autoroute E5 quand elle est européenne !), la version longue proposée ici n’existe donc pas. Et tant qu’à pinailler, oui, on garde les accents sauf si le sigle est passé dans l’écriture courante sans accents (d’ailleurs, j’ai l’impression que le Syndicat des Transports d’Île de France emploie stif et non STÎF ou STIF).
milosh, comment fais-tu alors pour coder un sigle et une apocope ? Je suis bien d’accord avec toi pourtant.
Sam, je n’avais pas encore lu cet article sur WebAccessibilité, il est très intéressant.
J’en retiens pour ma part sur les points suivant :
N’essayez pas de trop argumenter sur acronyme et abbréviation. Déjà les usages sont différents en français et en anglais (et c’est l’anglais qui guide le sens des balises) mais même ceux qui ont fait la spec ont été dans l’impossibilité de distinguer tous les cas. Dans HTML 5 il y a pour but justement d’uniformiser tout ça parce qu’il est impossible de catégoriser de manière claire et que de toutes façons cette catégorisation est un peu inutile pourle navigateur.
Maintenant si vous voulez troller, voici la définition de l’académie française pour « abréviation » :
» »« Réduction d’un mot, d’une suite de mots, à certains de leurs éléments ; réduction d’une expression à l’initiale des mots qui la composent. »« »
RATP, A1, ONU, STIF, etc., infos ou S.N.C.F. sont bien des abréviations. D’ailleurs SNCF est l’exemple du dit dictionnaire.
Quant à « acronyme » le dictionnaire nous en dit « »« Sigle prononcé comme un mot ordinaire »« ». Sigle donne « »« Lettre initiale employée comme signe abréviatif sur les monuments, les médailles et dans les anciens manuscrits »« ».
Donc au final : Un acronyme est un sigle qui se prononce comme un nom. Un sigle est une abréviation basée sur des initiales. Une abréviation est juste un mot raccourci. Reste les apocopes, qui sont un autre type d’abréviation.
Dans tous les cas, si on s’en tient à la définition française, la balise abbr est pertinente. Vous noterez d’ailleurs que « SNCF » est l’exemple officiel de la norme HTML 4 pour la balise abbr.
Reste que les définitions anglaises sont différentes :
To abbreviate : « »« to make a word or phrase shorter by using only the first letters of each word », ce qui correspond à un sigle en français. Donc « etc. » n’irait pas dans une balise abbr d’après cette définition. (par contre ils ont une définition similaire à la notre pour acronyme)
Cohérent ? sauf que la norme HTML 4 fait bien référence à une « abbreviation » et donc à cette définition anglaise qui exclu tout ce qui n’est pas sigle, et en même temps donne « abbr. » comme un exemple d’abréviation possible. Or c’est une apocope en français, donc aussi une abréviation, mais ça ne valide pas la définition anglaise.
Pire, les abréviations asiatiques prennent encore d’autres formes : il ne s’agit pas que de prendre des initiales ou de morceaux de mots, mais aussi de changer le type de caractères.
Bref, troller sur ce qui est acronym, abréviation, les deux, ou aucun, est franchement vain. Quant aux apocope ou aux sigles, ils sont au pire eux aussi des abréviations donc potentiellement marqués comme tels.
Par contre, indépendamment de quelle balise utiliser, discuter de savoir s’il est pertinent de l’utiliser et s’il est pertinent de l’étendre via l’attribut de titre, ça ça se discute.
Si on revenait à cette question qui est celle de départ ?
Je suis d’accord avec Milesh sur un point. On dit souvent « l’A1 », parfois « l’autoroute A1 » (par abus puisqu’il s’agit d’une répétition), mais jamais « l’autoroute 1 ». C’est pour moi un argument important pour refuser d’étendre l’abréviation (ou sigle, ou acronyme, ou ce que vous voulez).
Et pour foutre le bordel, on parle par contre de « route nationale 1 » ou de « nationale 1 », donc je n’aurai rien contre étendre l’abréviation N1. C’est bien l’usage courant oral qui guide mes pas quand je cherche à savoir si je dois étendre ou pas l’abréviation (même si j’ai tendance à étendre les acronymes étrangers plus souvent même si l’usage est opposé, sans véritable raison donc j’ai changé depuis que tu as appuyé dessus avec ce billet).
Pour le point abréviatif, le lexique des règles de typographiques édition d’octobre 2007 indique qu’ils ne sont plus utilisés. On écrira donc SNCF et pas S.N.C.F.
Il me semble que le RGAA et le guide Accessiweb préconisent tous deux de signaler seulement la première occurrence dans la page. Je ne suis pas forcément de cet avis car on part du principe que l’internaute va lire toute la page, ce qui est rarement le cas.
J’en profite pour vous demander ce que vous pensez d’avoir recours à javascript pour baliser automatiquement les sigles et les abréviations à partir d’une base de données.
Non Frank, on ne part pas forcément du principe que l’utilisateur lira toute la page, on part du principe que le logiciel qui analysera la page sera capable d’extraire la légende de la première occurence pour la proposer là où c’est pertinent. Leur réflexion c’est qu’il est probablement préférable de risquer que l’utilisateur avec un mauvais logiciel n’ait pas la présence d’esprit d’aller voir en début de page s’il a une interogation, plutot que de risquer de spammer ce même utilisateur si la légende était là partout. A long terme ils ont je pense raison.
« Acronyme se prononce comme un nom normal » pourtant je n’ai pas l’impression qu’on dise « ratp » mais plutôt « èr-a-té-pé ». Des exemples d’acronymes: sida (syndrome imuno…), Unesco…
@ josh: les exemples valent pour les abbr. et les acronymes.
@Vincent « acronymes que lorsque cela est pertinent pour le lecteur donc » Sur le web plus qu’ailleurs il est parfois difficile de bien cerner le public concerné. Les lecteurs francophones ne sont pas tous Français. Il y a les Belges, les Suisses, les Canadiens… Une abréviation courante pour les Français ne l’est pas forcément pour les autres.
Personnellement, je mets la signification entre parenthèses a la première occurrence et j’utilise ensuite abbr et acronyme (avec ‘lang’ si autre langue que le fr).
Éric, tu lis mal la spécification en anglais, lorsque tu cites:
Cela signifie prendre la ou les premières lettres de chaque mot. Donc «etc.» est bien une abréviation, de même que SNCF (-> sigle, cas particulier d’abréviation), Benelux (-> acronyme, cas particulier d’abréviation), ou encore RADAR (-> sigle acronymique, cas particulier d’abréviation là encore).
Si on abrège d’une manière ou d’une autre, c’est une abréviation. Ensuite, une abréviation peut être plus ou moins lexicalisée, c’est à dire plus ou moins passée dans le langage courant et plus identifiée comme abréviation. C’est le cas de radar, qui s’écrit plutôt en minuscules qu’en majuscules, malgré qu’à la base cet acronyme soit un sigle.
Tu utilises également la mauvaise définition de sigle, il me semble.
Pour le désaccord linguistique, il me semble qu’acronym en anglais correspond à sigle en français. Benelux est un acronyme (et pas un sigle), mais ne sera pas considéré comme un acronym par un anglophone. Du moins si je me souviens bien, car je peux me tromper.
Enfin bref, ergoter là-dessus ne sert pas à grand chose. On peut juste se réjouir de la simplification à venir (XHTML 2, HTML 5) qui consacre le générique ABBR et laisse tomber ACRONYM. Je cite HTML 5:
Donc: dès aujourd’hui, autant laisser tomber ACRONYM. Question de bon sens (simplification, évolutivité…).
Reste la question du balisage à utiliser, et notamment la présence d’un title ou pas. Déjà, notons que les lecteurs non-voyants ou malvoyants ne sont pas plus idiots que les autres. Ils connaissent (ou pas) un certain nombre d’abréviations courantes, de sigles comme SNCF s’ils sont français, etc., et ils sont tout à fait capables de comprendre d’après le contexte lorsque l’abréviation est explicitée entre parenthèses. Ça, c’est vu.
Utiliser title consiste donc à rajouter une information facultative, qui ne sera pas lue par une majorité d’utilisateurs (qui ne passent pas le pointeur de la souris sur chaque abréviation dans une page, qui n’ont pas configuré leur lecteur d’écran pour lire les title automatiquement, etc.). Quelques conseils:
En passant, HTML 5 propose uniquement le title, mais XHTML propose aussi la construction suivante que j’aime bien:
<p>The <span id="w3c">World Wide Web Consortium</span> (<abbr full="#w3c">W3C</abbr>) develops interoperable technologies (specifications, guidelines, software, and tools) to lead the Web to its full potential. <abbr full="#w3c">W3C</abbr> is a forum for information, commerce, communication, and collective understanding.</p>
@ Florent: « Ils connaissent (ou pas) un certain nombre d’abréviations courantes » => je m’en réjouis, mais il est difficile pour un webmaster de se mettre au courant des différentes listes. De plus, elles varient selon les applications, les régions et sans doute selon la personnalisation de l’utilisateur final. Ce n’est donc pas un bon élément à considérer.
« Utiliser title consiste donc à rajouter une information facultative, qui ne sera pas lue par une majorité d’utilisateurs (qui ne passent pas le pointeur de la souris sur chaque abréviation dans une page » => effectivement si rien n’est mis en évidence, il est fort à parier qu’il passe outre. Mais si vous attirez son attention par une différenciation visuelle (formatage du texte, modification du curseur), il a plus de chance de passer la souris comme il le ferait pour un lien hypertexte.
katsoura, le fait qu’un mot de vocabulaire ou qu’une abréviation ne soient pas universelles n’est pas un critère. C’est normal, ça s’appelle le langage (et plus particulièrement le langage écrit pour les abréviations). Et si, la plupart des abréviations courantes dans un contexte culturel donné ont une forme «standard», qu’on trouve dans différentes ressources en ligne ou dans des dictionnaires, par exemple.
Ce qu’on a tendance à oublier, c’est qu’il s’agit avant tout d’un problème rédactionnel. Le choix d’utiliser une abréviation ou pas, de la forme à adopter, etc., n’est pas correctement pris en compte. On fait comme on le sent, et ensuite on se demande comment baliser ça en HTML pour palier aux carences éventuelles de la rédaction. Et on oublie que ce n’est pas parce que c’est balisé que l’information passera.
«Mais si vous attirez son attention par une différenciation visuelle (formatage du texte, modification du curseur), il a plus de chance de passer la souris comme il le ferait pour un lien hypertexte.»
Oui, plus de chances. Mais on passe alors de 0–1% d’utilisateurs qui accèdent à l’information à quoi? 10%? 60%? 20%? On ne le sait pas (il faudrait des tests à ce sujet), mais j’ai peur que le pourcentage soit faible. Donc: ne pas compter dessus pour transmettre une information. Donc: les ABBR et éventuels ACRONYM, c’est du bonus. Donc: on a passé et on passe encore trop de temps à en discuter chez les codeurs HTML. 😀
[…] Ce n’est pas utile que je rajoute mon grain de sel … je crois que tout est assez bien détaillé sur l’article et les commentaires de html zen garden […]
Je découvre (tardivement) ce billet.
Puisque l’acronyme « … se prononce comme un mot normal », c’est l’usage parlé qui différencie l’acronyme du reste !
Si il n’y a pas de contrariété à prononcer « RADAR » (RAdio Detection And Ranging) comme un mot ordinaire, il en va autrement de « SNCF » qui n’atteindra donc jamais le statut d’acronyme. A l’inverse, votre interlocuteur aurait sans doute un temps de réaction avant de saisir que vous vous êtes fait flasher par un (épelez) R.A.D.A.R.
L’acronyme est donc une abréviation particulière qui n’a d’existence que dans le langage parlé.
A mon sens, la balise ACRONYM est, pour ces raisons, inutile.
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